Kingsville, Texas, 2 février 2012, 17 heures. Un orage particulièrement violent secoue la ville, frappant directement au-dessus de la prison municipale, coupant tout le courant de cette zone. Quand le courant revient tout autour, la prison est toujours sombre. Mais surtout, vide. Entièrement. Plus trace de qui que ce soit. Plus de détenus, plus de prisonniers. Pas de trace non plus du moindre bris : les murs sont intacts. En quelques heures, la ville est aux abois. Cette prison en est une de transition. On y envoie des prisonniers attendant d’être déplacés ailleurs, ce qui lui affecte une clientèle extrêmement vaste, passant du voleur de bonbons au violeur récidiviste.

Kingsville, Texas, 3 juin 2012. Les employés de la prison refont surface. Chacun déclare ne se souvenir de rien et affirme s’être réveillé dans un endroit incongru. Ils déclarent se sentir « un peu drôle ». On leur fait passer des tests de routine. À peu près tout le monde est en parfaite santé, mais quelques individus présentent quelques anomalies physiques qu’on ne s’explique pas. D’autres ont l’air particulièrement angoissés. Toujours pas de trace des détenus : ils manquent tous à l’appel. Les familles qui se trouvent à l’étranger sont prévenues. Les habitants de la ville sont très inquiets.

Kingsville, Texas, 6 juin 2012. Neuf détenus sont retrouvés. Comme les employés de la prison, ils déclarent ne garder aucun souvenir de l’incident et de s’être réveillés dans des endroits étranges. « Je savais pas où j’étais. Je savais juste que j’étais pas en prison. Ça m’allait. » déclare l’un d’eux. On leur fait également passer des tests pour vérifier leur état. L’un d’eux a la peau aussi glaciale qu’un mort et son corps répond lentement aux stimuli. Un autre affirme que depuis l’incident, il n’a pas réussi à fermer l’œil une seule seconde pour dormir. On les remet en cellule sans tarder.

Kingsville, Texas, 23 juin 2012. D’autres détenus ont été retrouvés et mis derrière les barreaux, mais un nouveau mystère trouble les autorités. L’un des prisonniers remis derrière les barreaux a été aperçu au centre-ville ce matin même. Pourtant, il est toujours dans sa cellule. Des patrouilles se lancent à la recherche du double et lui mettent la main au collet. Un test d’ADN ont l’air de dire qu’il s’agit de la même personne. Quelques heures plus tard, un autre double est aperçu. Le scénario se répète. On ne s’explique pas ces triplés.

Kingsville, Texas, 8 juillet 2012. Une grande partie de la population de la prison court toujours en liberté et affole la population. Ici et là, de petits crimes sont commis. De moins en moins d’individus sont ramenés en prison à chaque jour. Lorsqu’on arrête un ancien condamné à mort pour le ramener sur la chaise, sa mère, chez qui il s’était réfugié, déclare devant les médias que l’orage a sauvé la vie de son fils. « Cet orage, c’est l’œuvre de Dieu ! » Les journaux s’emparent de cette phrase et la brandissent à tout vent. La population réagit fortement à cette déclaration.

Kingsville, Texas, 19 juillet 2012. On a réussi à localiser un groupe de détenus. Une opération s’organise pour une arrestation de masse. Mais sur les lieux, rien ne se passe comme prévu : en fait, personne n’aurait pu prévoir une telle chose. On voit un homme sur qui les balles ricochent, un autre qui soulève sans effort une voiture pour la lancer sur des policiers, et une femme qui bombarde les forces de police avec des boules de feu venant d’on ne sait où. Dans les médias sociaux, c’est agité. Plusieurs théories abondent. Effets pyrotechniques, miracles, mutations. Peu importe : ça ne peut être réel. De nouveaux tests sont effectués sur les détenus se trouvant déjà en prison. On découvre des anomalies qui étaient passées inaperçues la première fois. Les employés subissent la même attention.

Kingsville, Texas, 2 août 2012. La chasse à l’homme s’est encore ralentie. Pour l’instant, ce sont les chercheurs qui travaillent le plus dur, et qui essaient de comprendre ce qui se passe. Trois phénomènes bien distincts semblent avoir affecté les personnes présentes à la prison lors de l’orage. Une première catégorie serait la mutation physique : les individus ont développé des maladies, des handicaps, de nouveaux attributs. La deuxième catégorie serait le changement psychique : les individus affectés auraient subi un profond changement dans leur mentalité, comme une déviance, ou de nouveaux goûts, de nouvelles phobies. Et la dernière catégorie est la plus mystérieuse : ce sont ces étranges pouvoirs que certains individus se sont vus donner. Parmi ceux qui sont découverts par les chercheurs, on compte surtout des dons qui ont l’air de ne pas servir à grand-chose. Ce premier constat filtre dans la presse. La fameuse citation de la mère du détenu revient aux lèvres des gens : « L’œuvre de Dieu, vraiment ? Quel dieu serait assez fou pour donner des pouvoirs à des criminels ? » Quelqu’un déclare même que, si les gardiens ont eu aussi eu des pouvoirs, ils doivent aider à retrouver les prisonniers en cavale, et les mettre hors d’état de nuire. Cet appel à la justice en ébranle certains.

Kingsville, Texas, 16 août 2012. Une nouvelle organisation criminelle fait son apparition. Elle semble constituée de la grande majorité des évadés toujours libres. Ils se déclarent prêts à faire la guerre aux autorités si on tente de les priver de leur liberté. Ils se disent puissants, et dangereux. Et ils déclarent avoir des comptes à rendre à cette société qui voudrait les voir pourrir en prison. Cette déclaration de guerre, s’il en est une, secoue une nouvelle fois la ville. Les autorités y réagissent à se déclarant prêts pour la plus grande chasse à l’homme de l’histoire. Mais en fait, qui chasse qui ? Personne ne peut en être sûr.

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